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Le message des cathédrales (extrait)

Le message des cathédrales (extrait)

Du temple à la cathédrale

 

"La cathédrale est bien la fille spirituelle du temple égyptien. De nombreux thèmes, apparaissant comme spécifiquement chrétiens, sont inexplicables sans la connaissance de la symbolique égyptienne. En effet, la symbolique égyptienne permet de mieux percevoir la signification de nombreux thèmes iconographiques ou littéraires du Moyen Age.

Des auteurs médiévaux ont montré qu’ils avaient conscience de leur filiation. La fondation des premiers grands monastères occidentaux se fit sur le modèle égyptien, les moines de la terre des pharaons s’inspirant du fonctionnement des anciennes communautés de prêtres. Des pyramides aux cathédrales s’est manifestée la vérité d’une aventure vécue par des communautés de bâtisseurs, initiés par des rites et des symboles identiques quant au fond.

Le Christ du Moyen Age des Maîtres d’Œuvre est un successeur des Rois-Dieux, dans leur fonction comme dans leur mission, malgré les distorsions historiques. La Vierge se situe dans le prolongement d’Isis, assurant la présence d’une symbolique féminine dans une religion catholique qui a tout essayé pour la rejeter mais n’a pas réussi à expulser l’immense figure de la déesse égyptienne qui, au moment de la formation du christianisme, régnait dans tout le bassin méditerranéen et dans une bonne partie de l’Europe.

Cette base symbolique, d’une extraordinaire richesse, ne suffisait pas cependant à déclencher l’épopée des siècles d’or du Moyen Age. Il fallait aussi un certain état d’esprit qui ne dissociait pas l’art d’une certaine science de la vie.

 

L’art sans la science n’est rien

La science du Moyen Age, celle que pratiquèrent les Maîtres d’Œuvre, ne se veut pas théorique. Toute théorie est bavarde, gratuite ; seul compte un empirisme noble, où la main et l’esprit travaillent ensemble. L’intelligence est comprise comme l’art de rassembler ce qui est épars, non comme la faculté perverse d’analyse et de dissociation. Cette démarche s’appuie cependant sur un certain type de savoir. A cet égard, le 7ème siècle fut un moment de synthèse exceptionnel.

Dans les monastères d’Irlande, dont le plus célèbre fut celui de Bangor, près de Belfast, on recueillait la symbolique moyen-orientale et l’on forgeait la culture qui allait bientôt nourrir les premiers bâtisseurs et les premiers imagiers.

De la lecture des auteurs anciens à l’étude de l’astronomie, on travaillait d’arrache-pied à souder entre elles les perceptions intelligentes de l’univers connu.

Pour l’homme de métier, l’art de vivre est l’art tout court. Tous les artisans ne sont pas à considérer comme des Maîtres de Sagesse. Parmi eux, il y a des exécutants, des hommes qui fuient des responsabilités, des techniciens qui ne sont attachés qu’à l’aspect quantitatif de leur pratique. Mais il ne faudrait pas réduire les communautés de bâtisseurs à un troupeau d’ignorants, d’illettrés, soumis aux ordres d’une église ou d’un pouvoir politique.

Le maître d’œuvre accède à ses fonctions au terme d’une longue et exigeante initiation de métier où il apprend autant à connaître l’âme humaine que l’âme de la matière. Tel le peintre zen qui, d’un seul geste continu, crée le dessin parfait sur le papyrus immaculé, le maître d’œuvre qui trace l’épure de la cathédrale est en harmonie totale avec l’œuvre naissante. L’art du maître d’œuvre est simplement la bonne manière de faire chaque chose, la volonté de chef d’œuvre orientée vers l’action la plus humble. Cette conception de l’art montre qu’il n’est pas réservé à quelques artistes mais, au contraire, le bien le mieux partagé, celui qui nous apprend à régner sur notre propre existence. Aussi les médiévaux pouvaient-ils affirmer qu’une vie sans art est dépourvue de sens.

La plus modeste des chapelles correctement construite comme la plus imposante des cathédrales sont érigées selon les règles de la divine proportion. Il en est de même pour le corps humain.

C’est précisément cette géométrie sacrée que les Maîtres enseignaient aux compagnons au travers d’une science qu’on appelait « le trait » et que les compagnons d'aujourd'hui connaissent toujours. Les Cisterciens étudièrent de très près le Trait, cherchant à harmoniser non seulement l’espace architectural des églises mais aussi l’espace intérieur de l’homme.

Le trait, la divine proportion, le nombre d’or sont autant d’éléments tangibles d’une pratique qui devient sagesse. Chaque édifice devient un corps vivant, le corps de l’homme initié devient support d’une sagesse vécue. Le nombre permet de découvrir l’identité profonde des éléments qui composent l’univers. Ainsi, quatre est le nombre de la terre, avec ses quatre orients ; cinq est le nombre de l’homme, né de l’étoile à cinq banches ; dix est le nombre de l’accomplissement, de la communauté qui retrouve l’unité.

Si les cathédrales furent construites sur la base des nombres sacrés, c’est parce que seuls ces derniers donnent la clef des proportions qui en assurent l’extraordinaire stabilité que nous constatons encore aujourd'hui. C’est aussi parce que ces nombres traduisent géométriquement les principes de création, c’est enfin parce qu’ils enregistrent les harmonies secrètes qui font chanter la pierre."

http://chemin47.eklablog.net/les-batisseurs-de-cathedrales-a117723592

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